Hot and Cold
All is relative... until you reach Sudan or Patagonia
Chaud et Froid - Tout est relatif... jusqu'à ce que vous arriviez au Soudan ou
en Patagonie
Well, South we go... The day we leave Buenos
Aires is the first day we are not suffocating in our riding gear because of the heat. In
fact, at the first stop, I even zip up my jacket entirely. Merritt pulls out a sweater
from her bag and says: "Gosh! It's freakin' cold today!". I look at the thermometer...
"Er, Dear, we know from Africa that 28 degrees is too hot for you. I now have the pleasure
to tell you that 24 degrees is too cold for the two of us". Good start to go to
Ushuaia.
Everyday we drive 400 to 600 kilometers almost straight South. Everyday
our latitude increases by 4 or 5 degrees. Everyday the temperature drops by 4 or 5 degrees
Celsius. Where is it going to end?!
We leave Puerto San Julian for Rio Gallegos,
the last city on the continent before jumping to Tierra del Fuego. The guidebook say that
Ushuaia is only at 600 kilometers from the tip of Antarctica. That would place us at less
than 1000 kilometers. You know, when you have a glass full of ice cubes, how you can feel
the cold from a couple of inches away?... Antarctica works the same. It's like a huge ice
cube 5000 kilometers wide and 4 kilometers high that doesn't want to melt, and it fends
off any invader by unleashing incredible icy cold winds all around its perimeter. The
closer you get, the stronger and the colder the winds.
The smallest openings send icy air streams that sting like needles
and sweep over the skin from the wrists to the shoulders, from the neck to the belly, and
from the ankles to the knees. When crossing trucks, we must lie flat on the tank. Each
time, the gush of the wind sounds like the big "Woof!" of a wave and we receive the
equivalent of a bathtub of freezing water in full-face. We can't see anything for 2
seconds but then it washes off the windshield and we try to aim straight on the road until
the next truck arrives. Each time, the adrenaline rush warms us up a bit but then the rain
slowly starts infiltrating. Our brand new "waterproof" gloves feel like sponges. What a
joke! I squeeze the heated handgrips as hard as I can. Damn! They work great today!
Especially the left one... What? What does that mean, "especially the left one"? Hey, what
the heck is wrong with it!? Help! That thing is going crazy! It's burning through my
glove!! For 5 minutes I hold the handlebar in alternance tightly to warm up my hand and
loosely to cool it off. Until it doesn't heat up anymore. My luck. The heated handgrip
just died...
The end of the day is just the kind of misery that true bikers have a
real talent to forget. We stop every half-hour to apply our hands flat on the engine. Slow
cars start passing us. Even some trucks. We clinch our jaws and book a room at the first
hotel in town. We throw our wet gear on the floor. Our skin is all white, pink and blue.
We stay in the shower until we look like two lobsters.
In conclusion, we did not go
to Ushuaia. The reports of people who had actually been there just before we reached Rio
Gallegos confirmed that we did not miss anything, except maybe more cold, more wind, more
rain and more mud.
Moral of the story: if you are planning to go to Patagonia,
don't buy your winter gear in Cape Town: have it sent from Hamburg or Anchorage.
The second moral is: when you actually are in Patagonia, never leave your warm
gear in the bag. Every day, whatever the weather looks like, put on everything you own.
Yes, everything. Even the dirty clothes.
The angry Patagonian
skies
Bon, en avant vers le sud... Le
jour où nous quittons Buenos Aires est le premier jour où nous ne suffoquons pas dans
notre accoutrement de moto à cause de la chaleur. En fait, au premier arrêt, je boucle
toutes les fermetures de ma veste. Merritt sort un pull de son sac et dit: "Ah dis-donc!
Qu'est-ce qu'on se caille aujourd'hui!". Je regarde le thermomètre... "Euh, ma Chère, nous
savons depuis l'Afrique que 28 degrés, c'est trop chaud pour toi. J'ai maintenant le
plaisir de t'annoncer que 24 degrés, c'est trop froid pour tous les deux". Bon début pour
aller à Ushuaia.
Tous les jours nous conduisons 400 ou 600 kilomètres presque droit
au sud. Tous les jours notre latitude s'accroit de 4 ou 5 degrés. Tous les jours la
température chute de 4 ou 5 degrés Celsius. Où est-ce que ça va s'arrêter?!
Nous
quittons Puerto San Julian pour Rio Gallegos, la dernière ville sur le continent avant de
sauter en Terre de Feu. Le bouquin raconte qu'Ushuaia n'est qu'à 600 kilomètres du bout de
l'Antarctique. Cela nous placerait donc à environ 1000 kilomètres. Vous savez, quand vous
avez un verre plein de glaçons, comme vous pouvez sentir le froid à quelques
centimètres?... L'Antarctique, c'est la même chose. C'est comme un gigantesque glaçon de
5000 kilomètres de côté et de 4 kilomètres de haut qui ne veut pas fondre, et qui repousse
n'importe quel envahisseur en libèrant des vents glaciaux sur tout son périmètre. Plus
vous vous rapprochez, plus les vents sont froids et violents.
Les plus petites ouvertures envoient des filets
d'air gelés qui piquent comme des aiguilles et qui balayent la peau des poignets aux
épaules, du cou au ventre, et des chevilles aux genoux. Quand nous croisons un camion,
nous devons nous applatir sur le réservoir. Chaque fois le souffle du vent éclate comme le
gros "Flouf!" d'une vague et nous recevons l'équivalent d'une baignoire d'eau glacée en
pleine figure. Nous ne pouvons rien voir pendant 2 secondes mais ensuite ça nettoie le
pare-brise et nous essayons de viser droit sur la route jusqu'à ce que le camion suivant
arrive. Chaque fois, le coup d'adrénaline nous réchauffe un brin mais à la longue la pluie
commence lentement à s'infiltrer. Nos nouveaux gants garantis "imperméables" finissent
comme des éponges. Quelle blague! Je serre les poignées chauffantes aussi fort que je
peux. Pitain! Elles marchent fort aujourd'hui! Surtout la gauche... Quoi? Qu'est-ce que ça
veut dire, "surtout la gauche"? Eh oh, c'est quoi qui foire là-dedans?! Au secours! Ce
machin s'est emballé! C'est en train de me brûler à travers le gant!! Pendant 5 minutes,
je tiens le guidon en alternance suffisamment fort pour me réchauffer la main puis
suffisamment relâché pour la refroidir. Jusqu'à ce que ça ne chauffe plus du tout. Ma
chance. La poignée chauffante vient de rendre l'âme...
La fin de la journée se
passe dans le genre de misère que les vrais motards ont un réel talent à oublier. Nous
nous arrêtons toutes les demi-heures pour étaler nos mains à plat sur le moteur. Les
voitures lentes commencent à nous doubler. Même quelques camions. Nous serrons les dents
et prenons une chambre dans le premier hotel en ville. Nous jetons nos combinaisons
trempées sur le sol. Nous avons la peau toute blanche, rose et bleue. Nous restons sous la
douche jusqu'à ce que nous ayons l'air de deux homards.
En conclusion, nous ne
sommes pas allés à Ushuaia. Les descriptions de ceux qui s'y sont rendus juste avant que
nous n'atteignions Rio Gallegos nous ont confirmé que nous n'avons rien raté du tout, si
ce n'est plus de froid, plus de vent, plus de pluie et plus de boue.
Morale de
l'histoire: si vous êtes en train de préparer un voyage en Patagonie, n'achetez-pas votre
équipement d'hiver à Cape Town: faites-le vous envoyer de Hamburg ou
d'Anchorage.
La seconde morale, c'est que quand vous vous trouvez en Patagonie, ne
laissez jamais les habits chauds dans le sac. Tous les jours, quelque soit l'aspect du
ciel, enfilez tout ce que vous avez. Oui, vraiment tout. Même les affaires
sales.
Les cieux en
furie de la Patagonie