Save the humans!
The White Man dressed in Gap can't adapt
Sauvez les humains! - L'Homme Blanc vêtu en New-Man n'arrive pas à
s'adapter
And in a way, he's right. For dozens of years, much has been done to
protect animal species: whales, seals, tigers, rhinos, monkeys, frogs, birds. They all had
their time. Then activism moved to protect plants, trees, flowers, mushrooms, even moss...
In the meanwhile, hardly anything has been done to protect human societies, ethnic groups
and tribal cultures. The United Nations are only now drafting a Declaration on the Rights
of Indigenous People. It was about time! All over the world, the
indigenes
have disappeared through policies of forced integration or eradication.
How did
mankind conquer all but the most remote corners of the planet? Why is the human race so
superior to other animals. All the scientists give the same answer: it's because of our
a-dap-ta-bi-li-ty. And one of the best examples of human adaptability can be found amongst
the native Indians from Tierra del Fuego. These guys sure had plenty of it...
The first one to document them was the
indefatigable Charles Darwin in 1835 during his first trip, at the age of 24. Seeing them
running around almost naked in the cold rain and the sleet, he developed some compassion
and gave them some red cloth. Without hesitation, the Indians cut it in small pieces that
they tied around their necks. They did not care about the cold, they had adapted to it. To
protect their skin, they generously covered it with fish oil and a good layer of sea-lion
fat. It must have given their embraces a particularly sensuous touch, although the fact
isn't described in the young Darwin's meticulous journals. There is one thing, though,
that he did report: his estimate that "Within 50 years, these people will have
disappeared".
Darwin's estimate could have been right but it was without counting
the remarkable human resistance. The Indians' demise started in 1879 almost 2000
kilometers North of Tierra del Fuego, when the General Roca lead a column of thousands of
men from the argentinean army through the entire Patagonia in what is known as the
Conquista del Desierto (the "Conquest of the Desert") . The name of the campaign is of a
delightful cynicism. Before the campaign, Patagonia was home to tens of thousands of
Indians. After the campaign, it was indeed a desert. Ranchers were then free to settle in
"estancias" occupying huge portions of land and run their cow business in peace.
Of
course, some ranchers pushed further down South and reached Tierra del Fuego. The
colonization started there in 1880 and at about the same time, 300 sheep were imported
from the Falkland Islands that multiplied like rabbits to quickly reach the number of 2
millions.
These "savages" did not have a 2-layer Christian vision of the Universe
with the World and what is Beyond: their cosmos had up to 7 layers with Good and Evil
interlaced. Their supreme being was not a God that created the Universe like a mechanic
putting different parts together: it was the "Creator of Knowledge and Consciousness" -
concepts so much more human than the All-Mightiness. Their priests were not men who had
made a vow of celibacy, but instead the role was reserved to homosexuals of both sexes
(nice lesson of tolerance). The community was self-governing, they lived in small groups,
there was no chief, and disputes were solved by tribe members on their own.
One of
the highlights of the life for the Indians was the ceremony of the Hain, which marked the
passage into adulthood. The adolescent then acquired all the rights of the adult,
including marriage, children, decision making and other responsibilities. They were
educated on the mysteries of nature and the universe. For the ceremony, members of the
tribe painted their bodies in elaborate patterns to represent the different
spirits.
It could all have been lost, be it for a
Catholic priest - Father Martin Gusinde - who attended the very last ceremony of the Hain
in 1923. The man happened to carry a camera and he brought back a series of amazing
photographs, testimony of an heritage forever lost. Painted bodies, men covered with
feathers, women proudly naked. What would have happened if humanity had developed with the
notion of mutual respect in mind? We'll never know what it would be like to sit and talk
with these people.
Along the trip, Merritt and I have seen traditions disappearing
at incredible speed. Everywhere the White Man landed, he devastated, exterminated and
integrated - molding the locals to his image. He has reshaped the planet with his clothes
and his asphalt, his guns and his religion, his greed and all his money. No wonder that in
the mines of Potosi in Bolivia, the image of the Devil is a white man!
But then
what will happen to our a-dap-ta-bi-li-ty that ensured our survival for tens of thousands
of years? Is the White Man dressed in Gap clothes and driving a 4x4 on a 8-lane freeway
the epitome of the survival of the fittest? Will it be worth traveling anymore when
everybody looks and thinks the same?
So, as George Carlin said, fuck the goddamn
trees, fuck the monkeys and fuck the planet too! But at least... SAVE THE
HUMANS!
Et d'une certaine manière, il a raison. Pendant des dizaines d'années, on
a beaucoup fait pour protéger les animaux: les baleines, les bébés-phoques, les tigres,
les rhinocéros, les singes, les grenouilles, les oiseaux. Tous ont eu doit à leur
quart-d'heure. Les activistes se sont ensuite tournés vers la protection des plantes, des
arbres, des fleurs, des champignons, même des mousses... En attendant, on a presque rien
fait pour protéger les sociétés humaines, les groupes ethniques et les cultures tribales.
Les Nations Unies sont à peine maintenant en train de préparer la Déclaration sur les
Droits des Peuples Indigènes. Il était temps! Partout au monde, les indigènes ont disparu
à la suite de politiques d'intégration forcée ou d'éradication.
Comment l'humanité
est-elle parvenue à conquérir les moindres recoins de la planète? Pourquoi la race humaine
est-elle tellement supérieure aux autres animaux? Tous les scientifiques donnent la même
réponse: c'est grâce à notre a-dap-ta-bi-li-té. Et un des meilleurs exemples
d'adaptabilité humaine se trouve parmi les Indiens de la Terre de Feu. Pas de doute, ils
en avait un paquet...
Le premier à les documenter fut
l'infatigable Charles Darwin en 1835 pendant son premier voyage, à l'âge de 24 ans. Les
voyant courir presque tout nus dans la neige et sous la pluie, il développa quelque
compassion et leur donna un stock de tissu rouge. Sans hésiter, les Indiens taillèrent le
tissu en petits morceaux qu'ils s'accrochèrent autour du cou. Ils se fichaient du froid,
il s'y étaient adaptés. Pour se protéger la peau, ils s'enduisaient copieusement le corps
d'huile de poisson, avec une bonne couche de graisse d'éléphant de mer par-dessus. Cela
devait donner à leurs étreintes une touche particulièrement sensuelle, quoique le fait
n'ait pas été décrit dans les méticuleux journaux du jeune Darwin. Il y a quand-même un
truc que Darwin a bien rapporté, c'est son estimation que "D'ici 50 ans, ces gens auront
disparu".
L'estimation aurait pu être correcte mais c'était sans compter avec la
remarquable résistance humaine. Pour les Indiens, le mauvais sort commença en 1879 à
environ 2.000 kilomètres au nord de la Terre de Feu, quand le Général Roca mena une
colonne de milliers d'hommes de l'armée argentine à travers toute la Patagonie dans ce qui
est connu sous le nom de la Conquista del Desierto (la "Conquête du Désert"). Le nom de la
campagne est d'un délicieux cynisme. Avant la campagne, la Patagonie abritait des dizaines
de milliers d'Indiens. Après la campagne, comme son nom l'indique, c'était effectivement
un désert. Les ranchers étaient alors libres d'installer des "estancias" occupant des
surfaces énormes et de mener en paix leurs affaires de vaches.
Bien sûr, quelques
ranchers poussèrent encore plus au sud et atteignirent la Terre de Feu. La colonisation y
commença en 1880 et à peu près au même moment, 300 moutons furent importés des Îles
Malouines qui se multiplièrent comme des lapins pour rapidement compter 2 millions de
têtes.
Ces "sauvages" n'avaient pas la vision Chrétienne de l'Univers à 2
niveaux avec l'Ici-Bas et l'Au-Delà: leur cosmos possédait jusqu'à 7 niveaux avec le Bien
et le Mal intercalés. Leur être suprême n'était pas un Dieu qui créa l'Univers comme un
mécanicien emboîtant différentes pièces ensemble: il était le "Créateur du Savoir et de la
Conscience" - des concepts autrement plus humains que la Toute-Puissance. Leurs prêtres
n'étaient pas des hommes qui firent voeu de célibat; à la place, le rôle était tenu par
les homosexuels des deux sexes (belle leçon de tolérance). La communauté se gouvernait
elle-même, ils vivaient en petits groupes, il n'y avait pas de chef et les disputes
étaient réglées par les membres de la tribu eux-mêmes.
Un des faits les plus
importants de la vie pour les Indiens était la cérémonie du Hain qui marquait le passage à
l'âge adulte. Les adolescents héritaient alors de tous les droits de l'adulte, y compris
le mariage, les enfants, le pouvoir de décision et autres responsabilités. Ils étaient
éduqués sur les mystères de la nature et de l'univers. Pour la cérémonie, les membres de
la tribus se peignaient le corps en motifs très élaborés représentant les différents
esprits.
Tout ceci aurait pu être perdu si ce n'était
pour un prêtre catholique - le Père Martin Gusinde - qui assista à la toute dernière
cérémonie du Hain en 1923. Il se trouvait par chance muni d'un appareil-photo et il ramena
une série de remarquables photographies, témoignage d'un héritage perdu à jamais. Les
corps peints, des hommes couverts de plumes, des femmes fièrement dénudées. Que serait-il
arrivé si l'humanité s'était développée avec la notion de respect mutuel en tête? Nous ne
saurons jamais ce que c'est que de s'asseoir et de parler avec ces gens.
Au cours
du voyage, Merritt et moi avons vu les traditions se perdre à une vitesse incroyable.
Partout où l'Homme Blanc a débarqué, il a détruit, exterminé et intégré - moulant
l'autochtone à son image. Il a redéfini la planète avec ses habits et son asphalte, ses
flingues et sa religion, son avarice et tout son argent. Pas étonnant que dans les mines
de Potosi en Bolivie, l'image du Diable soit un homme blanc!
Mais alors
qu'adviendra-t'il de notre a-dap-ta-bi-li-té qui a assuré notre survie pendant des
dizaines de milliers d'années? Est-ce que l'Homme Blanc vêtu en New-Man et conduisant un
4x4 sur le Périphérique représente le sommet de la survie du plus fort? Est-ce que ça
vaudra encore la peine de voyager quand tout le monde ressemblera et pensera comme tout le
monde?
Donc comme le disait George Carlin, que tous ces cons d'arbres aillent se
faire foutre, et les singes et la planète aussi! Mais au moins... SAUVEZ LES
HUMAINS!