Men on their knees
With always a big smile
Hommes à genoux -
Avec toujours un large sourire
The guy the most fluent in English speaks with
Merritt while the other three surround me. "Where are you coming from?", they ask. I
explain our trip, that we left France, crossed Africa and shipped to Buenos Aires... I can
see in their faces how already stunned they are when one asks: "Where are you going
next?". I point to the map on the suitcase: "We'll ride North to Bolivia, Ecuador, Central
America and the United States". I mark a pause. "And then?" asks a guy. "Then, if we have
the money and the energy, we'll complete the tour through Australia, Asia, and back to
France". At that precise second, the three guys fall on their knees and bend over in front
of me like muslims doing their evening prayer.
I swear, this is the kind of scene
difficult to forget.
It happened again a few weeks later in Santiago. We had just
pulled in front of a hotel. Merritt was inside inspecting the rooms while I was watching
the bikes. A business man, wearing suit and attache-case, approaches and asks where we are
from and where we are going. Hearing the response, he drops his case, puts his arms above
his head and bends over 3 times.
The one time that shocked us the most, though, was
almost a year ago in Ethiopia. We were driving through a very dry remote land with
cornfields as burnt and crispy as potato chips. We choose a completely desolate spot for a
quick halt. We had just removed our helmets when we hear some crackling noise from the
cornfield a few meters away. A very old guy appears, dry as the corn and twisted as a
vine. He looks at us for several seconds, eyes wide open, as if we were Martians. Then,
overcoming his fear, he approaches towards us, his hand reaching out begging. Everybody
has his own policy about begging - ours is to give only to old and handicapped people.
This poor man was a clear case. I pull out a couple of bills (which, given the local
currency, hardly measures anything in terms of dollars) and offer them to him. He
immediately falls to his knees, still holding my hands, and starts praying. I'm shocked,
this is so disproportionate. He opens his eyes, looks straight at me and continues to
thank me while getting back on his feet. He walks backwards, facing us for 10 meters,
repeating more thank-yous, and finally walks away along the path towards the nearest
village. Merritt and I remained speechless the entire time and then some... There is no
doubt we were for him angels that had fallen on Earth right in front of him to come to his
help.
And, I promise, this is the kind of scene absolutely impossible to
forget.
The hotel costs almost twice the price of the camping. It's a
bit abusive but not obnoxiously outrageous, so we stay. At least we'll be warm and have a
nice shower. At night, Merritt gulps down a can of tuna and goes to bed like a kitten. In
the meanwhile, I head to the reception to inquire about their restoration facilities: "Do
you have a menu?". "No, but if you like we can prepare you a plate of what the family is
having". Ok, I'm exhausted and not in the mood to cook or look for alternatives. I just
sit and eat and go to bed. In the morning, we wake up, put on our riding gear and head for
the always-included-in-the-price coffee-bread-and-jam breakfast. We eat in 5 minutes and I
proceed towards the reception to pay the bill. The boss is waiting for me with a large
smile. I suddenly KNOW that something's wrong. Of course, dammit! I did not ask for any
price except the bedroom! Argh! I'm screwed and there isn't anything I can do about it!
The bastard starts aligning the numbers. The room + the plate (3 times the usual price) +
one drink (twice the price) + 2 not-included-here (I should have known better) breakfasts.
Ding ding ding, the numbers roll down and I pull out a big banknote, harboring my largest
grin. He knows he got me: "Thank you very much" he says with a wide smile. "Thank YOU", I
respond with another even-larger smile bordering a grimace.
The moral of this story
is (and I'm sure all of you, faithful male readers, have experienced it at least once)
that real men, when they get screwed and they can't do anything about it, always display
their largest smile as if they wanted to communicate as loud as possible: "No, no, it
doesn't hurt!". But after all, that's a bit stupid, isn't it?, to grind your teeth because
you want to take it like a real man? So on my side, I promise: next time, I'm going to
yell like a pig!!!
But either way, trust me, this is the kind of scene that we
never forget fast enough.
(cropped from this
picture)
Le type le plus à l'aise en anglais parle avec
Merritt alors que les trois autres m'encerclent. "D'où venez-vous?", ils demandent.
J'explique le trajet, que nous avons quitté la France, traversé l'Afrique et sauté à
Buenos Aires... Je peux voir à leurs expressions qu'ils sont déjà vraiment surpris quand
l'un demande: "Et où est-ce que vous allez ensuite?". Je montre la carte sur la mallette:
"Nous allons vers le nord en Bolivie, Équateur, Amérique Centrale et les États-Unis". Je
marque une pause. "Et ensuite?" fait l'un. "Ensuite, si nous avons l'argent et l'énergie,
nous compléterons le tour en passant par l'Australie, l'Asie et retour en France". A cet
instant précis, les trois types tombent à genoux et s'inclinent devant moi comme des
musulmans faisant leur prière.
Je jure, c'est le genre de scène difficile à
oublier.
C'est arrivé de nouveau quelques semaines plus tard à Santiago. Nous
venions juste de nous arrêter devant un hôtel. Merritt était à l'intérieur pour inspecter
les chambres pendant que je gardais les bécanes. Un homme d'affaires, costard et
attaché-case, approche et demande d'où nous venons et où nous allons. En entendant la
réponse, il pose sa mallette, met les bras au-dessus de la tête et s'incline 3
fois.
La fois qui nous a choqué le plus, quand-même, c'était il y a un an en
Ethiopie. Nous étions en train de conduire à travers un endroit très sec et bien paumé
avec des champs de maïs aussi cramés et cassants que des potato-chips. Nous choisissons un
endroit complètement isolé pour faire une petite halte. Nous venons juste de retirer nos
casques que nous entendons des craquements venant du champ de maïs à quelques mètres de
là. Un très vieil homme apparaît, sec comme le maïs et tordu comme une vigne. Il nous
dévisage pendant plusieurs secondes, les yeux grand-ouverts comme si nous étions des
Martiens. Ensuite, surmontant sa crainte, il s'approche vers nous, la main tendue pour
mendier. Tout le monde a son opinion à propos des mendiants - la nôtre est de ne donner
qu'aux vieux et aux handicapés. Concernant ce pauvre homme, il n'y avait pas à hésiter. Je
sors quelques billets (ce qui, étant donné la monnaie locale, ne pèse pas bien lourd en
termes de dollars) et les lui offre. Il tombe immédiatement à genoux, me tenant toujours
les mains, et commence à prier. Je suis soufflé, c'est tellement disproportionné. Il ouvre
les yeux, me regarde et continue à me remercier tout en se remettant sur ses pieds. Il
marche à reculons, nous faisant face pendant 10 mètres et répétant encore plus de mercis,
et finalement s'éloigne le long du chemin vers le village le plus proche. Merritt et moi
sommes restés sans voix pendant tout ce temps. Il ne fait aucun doute que nous étions pour
lui des anges tombés sur terre juste devant lui pour lui venir en aide.
Et, je
promets, c'est le genre de scène absolument impossible à oublier.
L'hôtel coûte presque le double du
camping. C'est un peu abusif mais pas trop grotesque, donc nous restons. Au moins, nous
serons au chaud et nous aurons une bonne douche. Le soir, Merritt avale un boîte de thon
et se met au lit comme un petit chat. Je me dirige vers la réception et m'informe quant à
leurs possibilités de restauration: "Avez-vous un menu?". "Non, mais si vous voulez, nous
pouvons vous préparer une assiette avec ce que la famille est en train de manger". Ok, je
suis crevé et pas vraiment dans l'humeur pour cuisiner ou chercher d'autres alternatives.
Je m'assieds, mange et vais me coucher. Au matin, nous nous réveillons, enfilons notre
équipement et allons prendre le petit-déjeuner café-pain-confiture
toujours-inclus-dans-le-prix. Nous nous l'enfilons en 5 minutes et je vais vers la
réception pour payer la note. Le patron m'attend avec un grand sourire. D'un coup, je SAIS
que quelque chose ne tourne pas rond. Bien sûr, bon sang! Je n'ai demandé aucun prix, sauf
pour la chambre! Argh! Je me suis fait baiser et il n'y a rien que je puisse faire!
L'enfoiré commence à aligner les chiffres. La chambre + l'assiette du soir (3 fois le prix
habituel) + une boisson (2 fois le prix) et deux petit-déjeuners pas-inclus-ici (j'aurais
du m'en douter). Ding ding ding, les nombres roulent et je sors un gros billet, affichant
mon plus large sourire. Il sait qu'il m'a eu: "Merci beaucoup", dit-il resplendissant.
"Merci à VOUS", je répond d'un sourire encore plus large, frôlant la grimace.
La
morale de cette histoire (et je suis sûr que vous tous, fidèles lecteurs mâles, l'avaient
vécu au moins une fois), c'est que les vrais hommes, quand ils se font baiser et ne
peuvent rien faire contre, affichent toujours leur plus grand sourire comme s'ils
voulaient communiquer aussi fort que possible: "Mais non, mais non, il n'y a pas de mal!".
Mais tout compte fait, c'est un peu stupide, non?, de serrer les dents parce que vous
voulez le prendre comme un vrai homme? Donc quant à moi, je le promets: la prochaine fois,
je vais hurler comme un goret!!!
Mais quoi qu'il en soit, croyez-moi, c'est le
genre de scène que l'on n'oublie jamais assez rapidement.
(découpé dans cette image)